Je m’apprête à abandonner le parfum, le déodorant, les crèmes pour le visage (aussi bio soient-elles), la cire pour les cheveux. Je vais me vaporiser aux effluves de « Fleur de yak de chez Himalaya » ou « sueur de yak de chez Annapurna ». J’espère que mes nouvelles phéromones ne vont pas trop attitrer ces charmantes bestioles, ces doux bovidés, ces solides cervidés.
J’espère d’ailleurs qu’ils ne sont pas aussi écervidés qu’ils en ont l’air. Derrière leur « placitude « légendaire, je crois connaître aussi leur caractère. Ce sont des animaux qui ne lâchent rien sur leur droit de passage, surtout dans les « étroitures » de la montagne. Mieux vaut se ranger quand un troupeau de yaks porteur arrive en face de vous sur ces chemins escarpés du haut Himalaya. Ces minis bisons à l’air débonnaire et à la frange docile sont en réalité de rudes combattants. Je n’ai pas envie de jouer les toréadors de l’altitude, encore moins de les défier en face-à-face. Pas non plus envie de me faire encorner comme un matador au bord du précipice.
Le jeune conducteur de la caravane ne s’encombre pas de ces détails d’Occidental, il empoigne fermement les yaks et les dzobkas (femme yak) par les cornes pour les « dociliser » afin qu’on les charge de leur lourd barda, en l’occurrence, le nôtre (et pas Lenotre), les tentes, les réchauds, la nourriture pour 56 jours et 20 personnes, les piolets, les cordes, les mousquetons et par là même, nos futurs déchets aussi…